« Lire le film à venir dans le scénario » – A partir du 15 novembre 2019, à Paris.
Tous les détails ici.
Mille Sabords : En quoi votre approche diffère-t-elle de ce que l’on sait déjà en matière de dramaturgie et d’écriture ?
Sara Wikler : L’approche dramaturgique nous offre des clés pour aborder les ingrédients qui composent l’intrigue. Mais la structure d’une histoire ne s’arrête pas aux faits qui sont racontés. Encore faut-il s’intéresser à la manière dont ils sont racontés. Comment le récit est-il délivré ? Cela ressort du champ narratologique, pour lequel nous semblons manquer d’expérience lorsque nous abordons la lecture ou l’écriture des scénarios.
Vous semblez vouloir mettre l’expérience du spectateur au centre de votre réflexion. De quoi s’agit-il exactement ?
L’émotion repose sur l’empathie, qui ne se génère pas uniquement par des éléments dramatiques. Ce qui nous permet d’interpréter l’effet d’un fait sur un personnage, c’est toute la succession d’évènements qui mène à ce fait. Tout est question de distillation de l’information, de manière verbale ou non verbale. Si l’on maîtrise comment l’information est partagée, entre les personnages mais aussi avec le spectateur, on tient compte avec beaucoup plus de précisions de l’expérience que vivra le spectateur à chaque instant du film.
Cette méthode de travail que vous exposez, peut-elle s’appliquer aussi bien au cinéma qu’à la télévision (séries) ?
Bien sûr. Quelle que soit la contrainte du format, tout récit audio+visuel doit être abordé en prenant en compte, au-delà des informations verbales, tout ce qui se transmet par les regards ou le son, et comment tout cela s’additionne et s’enchaîne pour monter le récit.
Si les éléments dramatiques d’une série ou un film diffèrent en certains points, l’art de la narration comporte des rouages qu’il est important d’identifier pour aborder de manière plus complète ces écritures.
Les questions de structure ne se jouent pas seulement au niveau des éléments dramatiques et nous avons besoin de méthodes précises pour regarder comment les tensions et les émotions se génèrent par la structure narrative. Ces outils d’analyse nous aident à maîtriser la manière dont l’information est distillée à chaque instant, dans l’action, ce qui permet de structurer l’évolution interne du personnage.
Il y aura beaucoup de mise en pratique concrète au cours de ces quatre journées…
Nous allons passer chaque journée complète à décrypter un scénario différent et nous regarderons en fin de journée chaque film que nous aurons lu.
C’est la mise en pratique des outils qui permet d’améliorer nos compétences. La théorie sera explicitée par des extraits de films en même temps que par des exemples lus dans les scénarios.
Et la théorie ne vaut que si on est capable de l’utiliser. Et pour cela, rien ne vaut l’entraînement.
Les participants devront détecter les fonctionnements dramatiques et narratifs dans chaque scène, pas à pas, au plus près des personnages et du ressenti du spectateur.
Nous travaillerons sur les qualités mais aussi sur certains manques dans les scènes, afin de comprendre comment assurer l’intérêt du spectateur à chaque instant, autour des tenants et des aboutissants de chaque élément.